LE POIDS DE L'AME

LE POIDS DE L'AME

Si l’âme est un objet matériel, on devrait pouvoir la peser. La peser directement, après l’avoir isolée et enfermée dans un récipient, cela, on ne sait pas faire. Mais on peut tenter une mesure indirecte, en pesant le corps à l’instant de la mort : si l’âme s’évacue au moment du décès comme on le pense, son départ doit se traduire par une variation de poids visible sur une balance. Qu'en est-il ? L'âme a-t-elle vraiment un poids ? 


La théorie des 21 grammes

Peser l'âme ou plutôt sa disparition au moment de la mort, c'est ce que fit le docteur Duncan Mac Dougall en 1907 aux États-Unis. Son expérience porta sur 6 patients moribonds, et pour comparaison, sur 15 chiens qui furent euthanasiés pour l’occasion. Les résultats furent publiés par le New York Times et le journal médical American Medicine. Le Docteur Duncan dit avoir observé, au moment de la mort, une variation de poids de 21 grammes pour les humains, et aucune variation de poids pour les chiens. Selon l’auteur, l’âme humaine peserait donc 21 grammes, et les chiens n’auraient pas d’âme, car aucune variation de leur poids n’avait été constatée. Ses conclusions, bien que sévèrement contestées, devinrent célèbres sous le nom de « théorie des 21 grammes ».
La publication déclencha une polémique. On reprocha à l’auteur la faiblesse de l’échantillon, l’imprécision de l’appareillage, les difficultés pour définir le moment exact de la mort, les approximations du raisonnement…
D’autres scientifiques indiquèrent que le poids ne chute pas toujours juste au moment de la mort, mais parfois quelques minutes plus tard (1), ce qui montre que le docteur Mac Dougall ne fut pas le seul à travailler sur le sujet. Les scientifiques qui le firent, apparemment ne publièrent pas, mais leur commentaire implique qu’eux aussi avaient constaté une perte de poids, qui pouvait intervenir jusqu’à plusieurs minutes après la mort, ce que Mac Dougall reconnut et expliqua à posteriori par l’influence du tempérament du mourant, plus ou moins flegmatique, plus ou moins réactif.


Nouvelles expérimentations sur le poids de l'âme


Cent quinze années plus tard, où en est-on ?
Dans les milieux scientifiques, le scepticisme prévaut à propos de ces travaux. Curieusement, les expériences ne semblent pas avoir été refaites, bien que Mac Dougall lui-même aie demandé qu’elles soient répétées de nombreuses fois avant de souscrire à ses conclusions.
Je n’ai trouvé qu’une autre publication sur le sujet, faite en 2016 par deux chercheurs de l’Institut Suisse des Sciences Noétiques ISSNOE, une fondation reconnue d’utilité publique (2). Leur approche est différente : plutôt que des mourants, ils ont préféré étudier le cas particulier de Nicolas Fraysse, un jeune français capable d’effectuer des voyages hors du corps répétés et contrôlés. Voici ce qui s’est passé :
« Après plusieurs séances où Nicolas n'arrivait pas à sortir de son corps, nous avons finalement vu son poids diminuer de 25 grammes. Il est ensuite remonté à zéro et est redescendu plusieurs fois pour se stabiliser à - 45 grammes. C'était déjà étonnant en soi. Mais le plus déroutant est que, lorsque Nicolas est revenu à lui, son poids est resté à - 45 grammes. Nicolas était toujours allongé sur la balance. Il nous racontait qu'il avait réussi à faire plusieurs OBE de suite, à partir et revenir plusieurs fois, ce qui pourrait expliquer les variations observées. Et, durant ce temps d'échange avec lui, nous avons vu la balance progressivement remonter à 0 gramme. C'est là qu'il nous a confié qu'il lui fallait toujours du temps pour être de nouveau totalement dans son corps. Malheureusement, nous n'avons pas pu continuer ces expériences car la Fondation Odier, qui nous finançait à l'époque, nous a demandé de nous concentrer sur un protocole pour tester la clairvoyance". (3)

Cette expérimentation inachevée présente des points communs intéressants avec celle de Mac Dougall. Celui-ci avait enregistré les pertes de poids suivantes :
• -21 grammes pour le premier patient,
• -14 g pour le deuxième, puis -46 g quelques minutes plus tard,
• -14 g pour le troisième, puis -42.5 g quelques minutes plus tard,
• -11 g pour le cinquième, puis retour à 0 g, puis retour à -11 g quinze minutes plus tard,
• Quatrième et sixième cas non enregistrés. (4)


Un phénomène plus complexe que prévu

 

De tout cela, il ressort que des pertes de poids significatives sont effectivement détectables au moment de la mort et lors d’une décorporation volontaire. Mais le phénomène n’est pas simple :

• La perte de poids peut varier de -11 à -46 grammes, enregistrés à ce jour,

• Elle peut se faire en plusieurs étapes, avec ou sans retour à zéro entre deux étapes,

• Très logiquement, la perte de poids est réversible dans le cas du voyage hors du corps, mais le retour à la normale peut être progressif et prendre plusieurs minutes. Chose étonnante à confirmer, le patient peut retrouver la conscience, alors qu’il n’a pas encore commencé à réintégrer la matière perdue,

• Le cinquième cas Mac Dougall montre que la mort aussi pourrait être temporairement « réversible ». Le mourant fait une première tentative de départ, échoue et revient dans son corps, puis réussit à sa deuxième ou troisième tentative. C’est ce que nous décrivons dans nos livres. 

Pour résumer, on constate que les pertes et reprises de poids peuvent être partielles ou complètes, instantanées ou progressives, réversibles ou pas. Par leur étendue, limitée à 46 grammes, elles semblent compatibles avec notre hypothèse de l’âme matérielle mais invisible : 46 grammes de matière dispersée peuvent effectivement être invisibles.

Bien sûr, ces expériences sont insuffisantes pour prouver l’existence et la matérialité de l’âme. Pour atteindre la preuve, il faudra les répéter, et éliminer les explications alternatives que les sceptiques ne manqueront pas de proposer. Mais l’étau se resserre. Il était facile d’écarter les conclusions de Mac Dougall d’un revers de main ; il est plus difficile d’en faire autant avec le travail de l’ISSNOE. Au passage, il faut saluer ces 2 chercheurs suisses, Sylvie Dethiollaz et Claude-Charles Fourrier, qui ont le courage de travailler et publier sur des sujets à contre-courant, avec des financements précaires - on l’a vu dans l’interview cité – alors que les scientifiques « mainstream » contrôlent les comités de lecture de toutes les grandes revues scientifiques.

Des conclusions conformes à la tradition

Fait intéressant, les conclusions provisoires que nous avons tirées s’accordent bien avec la conception de l’âme défendue par le bouddhisme tibétain. Le bouddhisme tibétain envisage l’âme comme un ensemble d’agrégats : Dagpo Rimpoché dans son livre Le Dalaï Lama parle de cinq agrégats : la forme, la sensation, la perception, la volition et la conscience. Ǻ la mort, le corps, qui est l’agrégat de la forme, est abandonné. Mais les quatre agrégats mentaux perdurent, et sont séparables : la réincarnation qui suit peut se faire avec ces agrégats dispersés dans quatre corps différents. De même, il semble bien qu’au moment de la mort, l’âme peut s’évacuer soit « en bloc », soit par fragments, un agrégat après l’autre, avec des pertes de poids croissantes, comme constaté par nos chercheurs.

La référence à une âme composée d’agrégats n’est pas limitée au bouddhisme tibétain : on la trouve aussi au Laos, où l’âme est considérée comme composée de 32 éléments appelés khouanes. On pense que l’âme peut perdre certains de ses composants à la suite d’un choc, un traumatisme, une chute, une maladie, entraînant ainsi un dysfonctionnement du corps ou de la psyché. C’est tout à fait possible : on a déjà de très nombreux témoignages de décorporation involontaire à la suite d’un accident, d’une opération chirurgicale… Les témoins disent flotter aux alentours du lieu de l’accident, mais aucun d’eux ne sait si leur ressenti s’accompagne d’une décorporation complète ou partielle.

La cérémonie traditionnelle du Baci au Laos a pour but de rétablir l’intégrité de l’ensemble : le bracelet de coton blanc que l’on attache au poignet de chacun assure symboliquement que les 32 composants sont présents et solidement unis. Chaque participant peut ainsi affronter les difficultés à venir avec tous ses moyens physiques et mentaux.

Les visiteurs étrangers considèrent cette coutume comme un élément anecdotique qui fait partie du folklore local. On découvrira peut-être un jour qu’en fait, elle recouvre une réalité avérée, dont la tradition laotienne a pris conscience bien avant les scientifiques occidentaux bardés de diplômes.

 POids de l'âme

 

Références :

1. https://brigitte-axelrad.fr/savez-vous-combien-pese-votre-ame, publié en ligne le 9/12/2019, consulté le 20/7/2022 (site sceptique)

2. Sylvie Déthiollaz et Claude-Charles Fourrier, Voyage aux confins de la conscience. Dix années d'exploration scientifique des sorties hors du corps : Le cas Nicolas Fraisse, 2018, éd. Guy Trédaniel.

3. Miriam Gablier, Il sort de son corps sous les yeux de la science, in Médecines extraordinaires N°4. Novembre 2018.

4. https://www.snopes.com/fact-check/weight-of-the-soul/ consulté le 20/7/2022, traduction de l’auteur.

 

Crédit photo : Greg Rakozy, Unsplash pour la photo de couverture 

Evie S., Unsplash pour la photo de plume 

 

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